Ça parle
Certains quartiers, des Molenbeek à la française ?
Selon le ministre de la Ville, on compte en France une centaine de quartiers "qui présentent des similitudes potentielles" avec le quartier de Molenbeek, près de Bruxelles, où a été arrêté Salah Abdeslam.
Wikipedia/Pkanner2011/
L'info. Interviewé dimanche dans l'émission politique "Le Grand Rendez-vous" sur Europe1-ITélé-Le Monde, Patrick Kanner, le ministre de la Jeunesse, de la Ville et des Sports, a estimé qu'il y a "une centaine de quartiers en France qui présentent des similitudes potentielles avec ce qu'il s'est passé à Molenbeek". Avant d'ajouter, toujours en réponse à la question de la journaliste : "Mais il y a une différence énorme, je n'ai pas de leçon à donner à la Belgique, nous prenons le taureau par les cornes".
Pourquoi ce rapprochement ? Selon Patrick Kanner, Molenbeek représente surtout "une concentration énorme de pauvreté et de chômage", "un système ultra-communautariste, mafieux avec une économie souterraine, où les services publics ont disparu ou quasiment disparu", "où les élus ont baissé les bras". Le ministre a aussi évoqué les émeutes de 2005, qui ont permis selon lui le développement du salafisme.
Comment a réagi la gauche ? Les déclarations du ministre n'ont pas manqué de faire réagir. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a estimé qu'on ne pouvait pas parler de quartiers entiers qui sont semblables à Molenbeek, même s'il a reconnu "que des poches", "des immeubles", "des rues" présentent des "problèmes" dans le pays. "Je ne suis pas pour la stigmatisation, je suis pour montrer ce qui réussit plutôt que de dire qu'il faut rejeter", a-t-il déclaré sur France 5.
De son côté, lors du "Grand jury" RTL-LCI-Le Figaro, le conseiller régional socialiste Julien Dray a aussi rejeté toute "stigmatisation" malgré tout de même des "points communs" avec Molenbeek.
Le soutien de la droite. En revanche à droite, les propos de Partick Kanner ont obtenu l'approbation. Le député LR Hervé Mariton a salué "un diagnostic lucide sur un situation réellement dangereuse" pendant que le vice-président du FN Florian Philippot s'est satisfait que "pour une fois, un ministre enlève le voile d'aveuglement qu'il a devant les yeux et la bouche".
Patrick Kanner n'est pas le premier. Vendredi dernier déjà, le député de l'Yonne et porte-parole des Républicains Guillaume Larrivé décrivait Argenteuil comme un "Molenbeek français" après l'opération antiterroriste menée, estimant que la ville n'était pas la seule. Des propos qui ont vivement fait réagir Georges Mothron, le maire d'Argenteuil. "Ce qui me sépare de lui, c'est que c'est un apparatchik ", a dénoncé l'élu, soulignant plus tard sur les réseaux sociaux qu'il n'y avait pas "des zones de non droit à Argenteuil".
Quelques jours plus tôt, c'est la ville de Trappes qui était qualifiée de "Molenbeek" par Patrice Ribeiro, le secrétaire général du syndicat de police Synergie-officiers, sur RMC. Des déclarations dénoncées par la municipalité.
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