Chronique d’un cambriolage : de l’alerte intrusion aux heures d’angoisse (épisode 1)
Qui s’est déjà fait cambrioler alors qu’il était loin de son domicile ? Qui pense que cela n’arrive qu’aux autres ? Et qui encore n’a jamais imaginé que cela puisse se produire ?
La mer. Le soleil. Pendant les vacances "de printemps", on a décidé de partir quelques jours dans le Sud. Loin de la maison, du boulot et du train-train quotidien. Pour le chat et les poissons, pas de souci, nos super voisins sont toujours sur le coup. Et pour la sécurité ? Une habitation sous vidéosurveillance, avec des alertes sur le téléphone. Et puis franchement, est-ce qu’on pense réellement au pire lorsqu’on va se dorer la pilule une petite semaine ?
Alerte intrusion
Il était donc une heureuse famille en vadrouille. Une petite balade en bateau dans la "Venise provençale" (très chouette, cela dit en passant). Une glace au bord de l’eau. Et un coup d’œil à son téléphone entre deux photos souvenirs. Et là, tout s’arrête. Tout bascule. Une alerte. "On se fait cambrioler, y a quelqu’un chez nous". On n’est absolument pas prêt pour ça. À 1.000 km de chez soi, on voit quelqu’un casser le carreau de sa fenêtre et entrer tranquillement dans son salon. Tout s’accélère. Tout se bouscule. Que faut-il faire ? On appelle le 17 ? Le commissariat de sa ville ? Ses voisins ? Dans la panique, on est perdu. On a le cœur qui cogne. La seule chose dont on est sûr finalement, c’est que c’est "vrai", que c’est en train d’arriver. Mais est-ce maintenant ? Il y a quelques minutes ? Plusieurs heures ?
La cavalerie
D’une main, on joint la police. De l’autre, les voisins. Dans la précipitation, tout le monde débarque. D’un côté comme de l’autre, on ne se pose pas de question. En quelques secondes, la voisine est dehors. Tout se mélange. Elle croit que le cambrioleur est passé par le jardin. Jardin auquel elle ne peut pas accéder puisque la grille est fermée à clef. C’est finalement bien la fenêtre côté rue qui a été fracassée. Mais pas le temps d’en savoir plus, deux voitures de patrouille déboulent dans la rue. Elles auront mis moins de deux minutes à arriver. La voisine est priée de rentrer chez elle. On prend alors conscience du danger. Les policiers prennent le relais. Ils escaladent le portail et entrent à leur tour par la fenêtre. L’adrénaline retombe. Le cambrioleur s’est déjà fait la malle.
Quelques minutes
En prenant un peu de recul, on se repasse les vidéos de surveillance. Le casse s’est déroulé en plein milieu d’après-midi. Le malfaiteur est resté dans la maison trois minutes. Le temps de faire main basse sur la console de jeux et les bijoux. Avant de tenter le coup, il a surveillé la maison un petit quart d’heure seulement. Il a escaladé le portail et cassé la vitre à la vue de tous. Sans masque ni gant. Sans se presser. Comme s’il n’avait rien à craindre. Et c’est d’ailleurs exactement ça, même si on ne le comprendra que plus tard. On avait toujours pensé qu’un cambriolage était minutieusement préparé, longtemps à l’avance. Mais quelle erreur !
Des heures d’angoisse
La pression est retombée. De toute façon, il est trop tard, on ne peut plus rien y faire. À l’autre bout de la France, on est désemparé. On cogite. À quoi a-t-il touché ? Qu’a-t-il volé ? Qu’a-t-il cassé ? Passé les questions d’ordre matériel, le pratique reprend le dessus. On appelle d’autres voisins, ceux qui ont les clefs, pour qu’ils viennent sécuriser la maison. Le temps de rentrer. La nuit avant le départ est compliquée. On oscille entre colère et crises de larmes. Incompréhension et crises d’angoisse. Et si le cambrioleur était passé à l’action quelques jours plus tôt ? Lorsqu’on dormait à l’étage. Lorsqu’on jouait avec les enfants au deuxième. Que se serait-il passé ? Qu’elles soient raisonnées, raisonnables, ou pas, nos pensées nous échappent. Il est temps de prendre la route. Et de se lancer dans les démarches et la paperasserie.
Rendez-vous très bientôt pour la suite. L’heure sera au dépôt de plainte, à la culpabilisation de la victime (ne voyez aucun lien entre les deux) et aux choix (très discutables !) de notre société.