Cinéma : A Couteaux tirés, Last Christmas, Gloria Mundi...les sorties de la semaine

La sélection des films de la semaine joue la carte des classiques. D'un côté, Rian Johnson revisite le film à énigmes avec élégance, de l'autre Paul Feig redonne ses lettres de noblesse au film romantique de Noël et enfin Robert Guédiguian fait vibrer son cinéma social à coups d'envolées lyriques. Bonne(s) séance(s).

A Couteaux tirés, de Rian Johnson

Après l'artillerie lourde (comprenez Star Wars et son épisode VII si clivant), Rian Johnson avait sans doute besoin de se tourner vers un projet où l'attente serait moins grande. Il revient donc avec un Whodunnit, comprenez un de ces films à énigmes qui consiste à tenir en haleine le spectateur sur l'identité du meurtrier. Ces long métrages classiques, qui ont fait le sel du cinéma hollywoodien de la grande période des studios, trouvent leur origine chez la maîtresse du genre en littérature : une certaine Agatha Christie.

A Couteaux tirés s'appuie sur un casting de suspects flamboyants (Jamie Lee Curtis, Don Johnson, Toni Colette, Chris Evans, Michael Shannon...), une victime trop parfaite (Chistopher Plummer) et son columbo innattendu (Daniel Graig qui joue à l'anti-James Bond avec une certaine délectation). Evidemment, le scénario plein de rebondissements et de retours en arrière joue à fond la carte de la lutte des classes. Rian Johnson prend le risque de nous révéler (en partie) le pot aux roses un peu trop tôt mais peu importe car le plaisir et l'efficacité de ce Cluedo grandeur nature est évident. 

Last Christmas, de Paul Feig

Une femme un peu perdue rencontre le gendre parfait à quelques jours de Noël... ce pitch vu et revu semble être celui d'un de ces innombrables téléfilms lisses qui font des cartons l'après-midi sur TF1. Mais rassurrez-vous Last Christmas est largement au-dessus du lot. Déjà parce que Paul Feig, réalisateur des Mes Meilleures Amies et de Spy n'est pas du genre à se vautrer dans la niaiserie bon marché et semble même s'être fait une spécialité dans les personnages féminins loin des clichés traditionnels. Sa Kate (à qui Emilia Clarke prête ses traits avec une vraie fantaisie) est bien loin de la princesse qui attend en soupirant son prince charmant.

Elle boit un peu trop, n'est pas une très bonne amie et joue les elfes dans une boutique de Noël pour gagner sa vie. Alors pourquoi Tom (le charmant Henry Golding) qu'elle vient de rencontrer semble voir au-delà des apparences avec elle ? Je n'en révélerai pas plus pour ne pas gâcher la magie de Noël version bristish créée par Paul Feig. Il filme un Londres secret absolument divin et en croque des personnages hauts en couleur (mention spéciale à Emma Thomson, qui a co-écrit le scénario, en mère envahissante). Le tout est dynamité par une bande originale composée exclusivement de tubes de George Michael et dont l'énergie communicative est évidente. Un vrai film de Noël réussi. 

Gloria Mundi, de Robert Guédiguian

Dans les premières minutes de Gloria Mundi, Robert Guédiguian nous montre l'arrivée au monde d'un bébé. Nommée Gloria en référence à un film, elle semble faire le bonheur de ses parents. Elle ne le sait pas encore mais elle va créer sans le vouloir une petite révolution dans cette famille modeste de Marseille. Avec Gloria Mundi, Robert Guédiguian prouve qu'il n'a rien perdu de sa verve sociale. Son long métrage dresse un portrait assez sévère de la société actuelle qui met la misère face à la misère. Tout est dit, comme souvent chez lui, dans les dialogues ou dans les situations du quotidien. Et il vise juste. 

Par contre, le ton du film qui oscille sans arrêt entre la poésie et le sordide apparaît comme un peu déstabilisant par moment. Surtout que Guédiguian ne peut s'empêcher de rajouter de la pure tragédie à ce drame familial rendant la fin de son histoire trop prévisible. Heureusement, les comédiens, d'Ariane Ascaride à Anaïs Demoustier en passant par Jean-Pierre Daroussin et Robinson Stévenin... jouent leurs partitions à merveille et parviennent à nous émouvoir.