Grenade de désencerclement contre opposants à la Loi Travail : où en est l’enquête ?
Le Défenseur des droits a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les conditions dans lesquelles un jeune homme, Romain D., a été gravement blessé à la tête à la fin d’une manifestation contre la loi Travail. En cause, l’utilisation d’une grenade de désencerclement.
L’info. Hier, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les conditions dans lesquelles un jeune homme a été gravement blessé à la tête à la fin de la manifestation contre la loi Travail de jeudi dernier, à Paris. Il s’est effondré après le jet, par les forces de police, d’une grenade de désencerclement. Il n’est toutefois pas encore établi que c’est un éclat de grenade qui l’a atteint à la tête. L’homme, présenté comme un journaliste indépendant de 28 ans, Romain D., est actuellement maintenu en coma artificiel à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Il souffre d’un œdème cérébral et d’un enfoncement de la boîte crânienne. L’enquête doit déterminer dans quelles circonstances la grenade de désencerclement a été utilisée.
Les suites. Une autre enquête a été confiée à l’inspection générale de la police nationale (IGPN). C’est dans ce cadre que les images filmées le jour de la manifestation ont pu être exploitées et que les témoins, ainsi que les policiers, ont été entendus. En attendant, les parents de Romain D. ont été reçus Place Beauvau par le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, en présence du préfet de police de Paris, Michel Cadot, et de la directrice de l’IGPN, Marie-France Moneger.
Une grenade de désencerclement, c’est quoi ? Il s’agit d’un dispositif destiné à disperser les manifestants. La grenade projette dix-huit galets en caoutchouc. Strictement encadrée, son utilisation est prévue "lorsque les forces de l’ordre se trouvent en situation d’encerclement ou de prise à partie par des groupes violents ou armés".
Côté policiers. Le syndicat Alternative Police CFDT a publié un communiqué dans lequel il affirme détenir "les morceaux vidéo de cette affaire avant, pendant et après les faits", ajoutant : "il semble qu’il n’y ait aucun doute : les conditions d’utilisation de la grenade ont bien été respectées". D’autres sources au sein des forces de l’ordre ont rappelé qu’avec le contexte de violence que connait le pays depuis plusieurs mois, les policiers auraient de plus en plus de mal à faire preuve de discernement lors de leurs face à face avec les manifestants.
Côté manifestants. D’après la vidéo très largement diffusée sur les réseaux sociaux et les témoignages, les manifestants présents lors du drame ne se montraient pas violents. Pour eux, les conditions d’utilisation de la grenade de désencerclement n’étaient donc pas réunies.
Vu de Twitter. Bon nombre d’internautes sont résignés et n’attendent pas grand-chose des enquêtes lancées :
Ils sont également nombreux à demander des comptes et à réclamer que des têtes tombent :