L'Humeur
Sibeth Ndiaye : le début de la fin de la parole d‘État ?
À peine nommée au poste de porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye est sous le feu des critiques. À juste titre.
Flickr/CC/Twitter Trends 2019
Depuis hier, Sibeth Ndiaye promue porte-parole du gouvernement a les oreilles qui sifflent. De nombreuses voix s’élèvent pour la critiquer. Il faut dire qu’elle a déjà quelques casseroles…
Beaucoup ont ressorti cette phrase désormais tristement célèbre : "Yes, la meuf est dead", envoyée d'après Le Canard enchaîné en août 2017 à un journaliste qui demandait confirmation du décès de Simone Veil. Des mots inappropriés, qu'elle a cependant toujours niés.
Quoi qu’il en soit, il y a plus grave. Et ça, on n’en parle moins. Selon Le Monde, Sibeth Ndiaye a activement participé à la diffusion sur les réseaux sociaux via des comptes militants (notamment @frenchpolitic) de la vidéo censée "aider" à présenter Alexandre Benalla sous un meilleur jour. Et quand on se rappelle qu’en juillet 2017, elle confiait à L'Express parfaitement assumer "de mentir pour protéger le président", on a du mal à la croire aujourd’hui lorsqu’elle dit vouloir "informer et expliquer" et qu’elle assure prendre sa nouvelle fonction "avec beaucoup de sincérité".
Le contrat de confiance est déjà rompu.
Nous allons donc passer les prochains mois à suspecter chaque mot sorti de la bouche de la nouvelle porte-parole du gouvernement. Si tant est qu’on arrive à l’écouter ! Car, si sur le fond on n’est d’ores et déjà d’accord pour ne pas être d’accord, la forme risque elle aussi de nous hérisser les poils. "J’suis vénère", "arrêtez de me faire suer", "putain, faites votre boulot"… Sans parler de ses remerciements pour son "nouveau job". Il n’y a donc plus rien de sacré en Macronie.
Si certains voient dans la nomination de Sibeth Ndiaye "une provocation", nous on y voit surtout la poursuite de la lente destruction de la parole d’État. Fini les belles tournures, le vocabulaire soigné et les formules recherchées, on loue désormais le "franc-parler" de la nouvelle génération. On en fait pourtant partie de cette génération, mais on doit avoir vieilli plus vite, car on préférait avant.
Cet après-midi, Sibeth Ndiaye va devoir faire ses preuves lors des traditionnelles questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. Il paraît que son prénom signifie "qui a gagné beaucoup de combats". Pas sûr qu’elle gagne celui-là.